CHAPITRE 5
LA PAROUSIE DE
JÉSUS ET LE SALUT DE TOUT
ISRAËL
|
3 . TROISIÈME ANNONCE
PROPHÉTIQUE
Pour conclure ces réflexions sur " la Parousie
de Jésus et le salut 1 Israël ", je reviens
un instant sur un troisième texte
prophétique, qui a été
examiné longuement au début de ces pages
:
Romains 11 .31.
"Cette
même miséricorde qui vous a
déjà sauvés, vous
païens, cette même miséricorde
de Dieu va maintenant les sauver à leur
tour, eux les juifs. "
|
Et c'est sur le mot " maintenant " qu'il
faut s'arrêter et insister. La présence de
cet adverbe, à plusieurs reprises, dans ces
phrases de Paul, pose et nous re-pose la question
du temps qui sépare le premier
avènement du Messie (son " ascension-intronisation
") de son ultime avènement (son " retour-parousie
") : ce temps (les " derniers temps ") prévu et
prédit pour être très long (vingt
siècles !) ou très court un siècle
au plus, par exemple) ?
La réponse des historiens, chrétiens ou
non, est en général celle-ci: les premiers
chrétiens, comme Jésus lui-même,
attendaient l'avènement du Règne et de son
Roi pour le proche avenir (sans pour savoir exactement "
le jour et l'heure "). En général,
d'ailleurs, ces mêmes historiens estiment que
Jésus et ses premiers témoins se sont
trompés puisque l'Histoire a prouvé leur
erreur !
Les théologiens, eux, sont plus
embarrassés et, grosso modo, se divisent en trois
camps : ceux qui ne croient pas du tout à la
Parousie de et qui tournent en dérision les
prédicateurs de " l'apocalypse " -ceux qui y
croient mais renvoient toujours la Parousie au
très long terme, lointain avenir et aux " calendes
grecques " - et ceux qui la désirent tellement
fort qu'ils l'annoncent pour l'immédiat et
affirment qu'elle peut arriver à tout moment
(demain matin ou cette nuit même !), faisant fi du
"programme" historique et du signal avertisseur final qui
ébranlera toute notre terre et tout son
environnement, juste avant la manifestation et
l'apparition du Seigneur (Matthieu 24 . 29-30, Marc 13 .
|7, Luc 21.25-27).
Mais, pour ne pas en rester au niveau "
historico-critique " (qui est logiquement "
incompétent) et pour ne pas en rester à
l'embarras et aux contradictions des théologiens
(qui sont souvent, d'ailleurs, des philosophes religieux
"), ne faut-il pas retourner à
l'exégèse, à l'étude des
textes ? A condition d'étudier les textes "
dans l'Esprit Saint ", " dans la
foi ", notamment la foi aux
prophètes, et avec la
présupposition que l'ensemble des écrits
bibliques est cohérent. Par exemple la
pensée eschatologique de l'apôtre Paul est
cohérente avec la pensée eschatologique des
Évangiles synoptiques transmettant leurs trois "
apocalypses ".
A ce moment-là, notre propre sommeil
eschatologique se trouve dérangé et nous
nous étonnons de découvrir l'unité
des témoignages évangéliques sur le
sens et la durée des " derniers temps ". En
particulier la compréhension nouvelle du "
mystère " (Romains 11 . 25) et de la promesse de
miséricorde finale faite à Israël,
nous explique pourquoi les " derniers temps ", entre
ascension et parousie, étaient normalement
destinés à être courts.
Comme Karl Barth avait raison d'écrire :
" Le mystère dont Paul
parle au verset 25 (du chapitre 11) ne consiste pas en ce
que cet événement (qui va de soi) arrivera
un jour, mais en ce qu'il ne s'est pas encore
produit. "
en parlant de la fin de l'aveuglement des juifs ! Ce
salut de " tout Israël " était donc, pour
Paul et ses frères en Christ, à attendre
normalement pour "
maintenant ",
c'est à dire pour leur
génération ou, tout au plus, la
suivante. Et, en pensant ainsi, Paul ne se trompait pas.
Il avait raison d'écrire :
" maintenant "
(Romains 11 .31).
Or, voilà que nous nous heurtons
à de l'indécision chez les traducteurs et
les commentateurs : après les historiens,
après les théologiens, c'est au tour des
exégètes de nous rendre perplexes au sujet
de ce petit mot, l'adverbe " maintenant ". A partir d'une
différence entre les divers manuscrits et
grâce à la possibilité de donner des
traductions un peu différentes du mot grec
employé par Paul (" vuv "), nos amis
exégètes traduisent ce verset de
façons diverses mais jamais " innocentes "
:La T.O.B. dit: "
afin qu'ils obtiennent alors
miséricorde ".
A. Maillot dit : "
afin que, dès maintenant, il leur
soit fait à eux aussi miséricorde
".
S. Bénétreau dit :"
afin qu'ils obtiennent
[maintenant] miséricorde à leur
tour ".
A. Chouraqui dit : "
pour qu'ils soient, eux aussi,
à présent graciés
".
Osty et Trinquet disent :
" pour obtenir
bientôt miséricorde à
leur tour ".
Le français fondamental dit :
" alors maintenant
eux aussi pourront recevoir la pitié de Dieu
".
Mais j'ai envie de donner ma préférence
au P. Lyonnet (Bible de Jérusalem édition
1954 en fascicules) qui traduit :
" afin qu'eux aussi ils
obtiennent au temps présent miséricorde
", en notant qu'il s'agit là du " temps
messianique " et en rendant le triple
emploi de l'adverbe en deux versets par la
même expression française :
En
effet, de même que jadis vous (les
pagano-chrétiens) avez
désobéi à Dieu et
qu'au temps présent vous avez
obtenu miséricorde grâce
à leur désobéissance,
eux (les juifs) de même au temps
présent ont désobéi
grâce à la miséricorde
exercée envers vous, afin qu'eux aussi
ils obtiennent au temps présent
miséricorde. Car Dieu a enfermé
tous les hommes dans la
désobéissance pour faire
à tous miséricorde. "
(Romains chapitre 11 . 30 à 32
)
|
Ce " temps présent " est une
étape spécifique et unique en son genre de
l'Histoire humaine. C'est le temps où le Messie
Sauveur est donné au monde, pour le salut.
C'est le " temps messianique ", le
1er siècle.
Je voudrais ajouter quelques lignes au sujet de
l'actualisation de cette prophétie de Jésus
par rapport aux événements contemporains
qui se produisent à Jérusalem.
Souvent, en effet, les chrétiens ont voulu
tirer des conclusions un peu hâtives et mal
fondées de l'événement suivant : la
" reconquête " par l'État d'Israël de
la totalité de la ville de Jérusalem, en
1967. Ces chrétiens ont dit: "puisque la ville de
Jérusalem n'est plus sous la domination d'une
autorité militaire étrangère (arabe
en l'occurrence) il faut en conclure que,
désormais, jamais plus la
souveraineté juive sur la totalité de sa "
capitale éternelle " ne sera remise en question et
n'échappera à Israël ". Cette
interprétation de Luc 21 . 24 consiste donc
à affirmer que la récupération de la
vieille ville de Jérusalem par les forces
armées de l'État sioniste réalise
à la lettre la " prédiction " faite par le
Seigneur et proclame glorieusement (au son du " chofar "
du rabbin aumônier militaire) la fin du " temps des
nations ", c'est-à-dire la fin de cette
liberté séculaire que la patience du
Seigneur laisse aux " païens " d'être contre
Israël les instruments de la " colère " (Luc
21 . 22 et 23, Osée 9 . 7). Or, en cette
année 2001 (en juin !), force est de constater que
le Seigneur d'Israël n'a nullement mis un terme aux
pressions politico-militaires des " goïm " (arabes
et " occidentaux ") sur la ville de Jérusalem ! Le
" jugement des nations " n'est pas encore " accompli " et
la " détresse " d'Israël
prophétisée par Jésus continue
d'exister au cur même de " Sion ". Le chofar
sioniste n'a pas sonné " la fin du siècle
présent " : peut-être, en ce début du
S6"16 millénaire, sonne-t-il plutôt le glas
du sionisme de l'État hébreu, cette "
puissance " que le souffle de l'Avènement de
Jésus (" le Roi des juifs ") va détruire,
comme toutes les " puissances " ? !
Au cas où ces lignes tomberaient sous les yeux
de mes chers amis juifs (et sionistes !) ou, bien pire,
sous les yeux de leurs adversaires antisionistes
virulents (comme Roger Garaudy et comme de nombreux
théologiens), j'ai à cur de faire
amende honorable et de confesser que, moi aussi,
autrefois, j'ai plus ou moins été
séduit par l'interprétation
prophétique que je viens de dénoncer. Non
par antisémitisme mais plutôt par "
philosémitisme ", par amour pour le peuple
d'Israël.
Dans les jours qui ont suivi la fin de la guerre 39-45
j'ai moi aussi trop facilement vu dans les " renaissances
" et les " victoires " permises par le
Seigneur d'Israël à son peuple,
l'accomplissement des prophéties bibliques et des
promesses de Jésus. Mais, ensuite, il m'a fallu
douter de mes interprétations et des "
actualisations " faites par de nombreux frères en
Christ.
Pour l'instant, je conclurai mes réflexions sur
la prophétie du Maître en disant :
la bonne nouvelle annoncée par Jésus est
avant tout ceci : la servitude
d'Israël-Jérusalem sous le joug des peuples
de toute la terre prendra fin. Cette libération
coïncidera avec la fin de la " colère ",
c'est-à-dire du Jugement de la Maison de Dieu et
du peuple d'Israël. Cette fin du Jugement sera
produite non par les forces armées de
l'État juif mais par le dévoilement " dans
la gloire du Père " du véritable "
Roi d'Israël ", Jésus le
crucifié. Cette " Arrivée " du Messie
ressuscité produira en même temps la fin de
ce monde, la fin du " siècle présent ", et
la destruction définitive des " Pouvoirs,
Dominations et Autorités ".
Mais jusqu'à ce jour-là,
jusqu'à cette minute-là, ne faut-il
pas que dure la servitude et la détresse de la "
Jérusalem d'en bas " (la Jérusalem actuelle
: Galates 4 . 25-26) ?
Oui, jusqu'à l'heure de la Parousie du Christ,
nous serons dans ce " temps présent ", ce " temps
messianique ", ce " maintenant ", cet " aujourd'hui "
(Hébreux 4 . 7-11) où Sion n'est pas encore
délivrée et tout Israël pas
encore sauvé.
Oui, et pour résumer le sens de
cette prophétie du Seigneur, il paraît assez
simple de dire ceci :
Le piétinement,
l'occupation et l'asservissement de
Jérusalem par les puissances
politiques et militaires des peuples de la
terre (voisins ou lointains
géographiquement) ne finiront que par
la fin du " temps des nations ". Ce temps
laissé à l'humanité par
la patience de Dieu coïncide avec les "
derniers temps ", cette ultime période
de l'Histoire où le Messie est
déjà là et
déjà vainqueur mais pas encore
" dévoilé ". Le langage
apocalyptique emploie pour ce " temps des
nations " les chiffres symboliques de " 3 ans
et demi " ou de " 1000 ans ". Donc, ce n'est
que la Parousie et l'Arrivée du Fils
de l'Homme qui vont mettre un terme à
l'asservissement et à la
détresse de Sion et de ses habitants.
La prophétie ne dit pas : la
servitude et l'angoisse de Jérusalem
finiront à l'approche de la Parousie,
vers la fin du temps des
nations.
Au contraire, elle dit : la servitude et
l'angoisse de Jérusalem finiront
grâce à la fin du temps des
nations, c'est-à-dire par "le souffle de
l'Avènement" du Christ mettant le point
final au " siècle présent
" (II Thess. 2 .
8).
|
Sans doute pouvons-nous ajouter ceci : ainsi sera
parfaitement 'accomplie la prophétie du
prophète Daniel (12 . 1-13) où nous lisons
ceci
" Le
temps de la fin sera pour mon peuple un temps
d'angoisse comme il n'y en aura jamais eu ...
"mais quand ces événements
extraordinaires prendront-ils fin?"
demande-t-on. Et la réponse à
cette question vient :
" ils prendront fin
quand la puissance du peuple de Dieu sera
entièrement brisée. "
(traduction en français
courant)
|
Nous pouvons donc reposer ici la question qui se pose
au sujet d'Israël tout entier, dans cette
perspective d'un temps historique normalement
prévu comme devant être court, et même
" écourté " s'il plaisait à Dieu
:
Paul ou Luc ou Marc envisageaient-ils une conversion
en masse des juifs avant la Parousie et
comme une condition spirituelle à
remplir pour que le Seigneur puisse revenir ?
Pensaient-ils que l'illumination de tout cet Israël
" endurci " (Romains 9 à 11) se produirait sous le
choc d'une nouvelle effusion du Saint-Esprit, d'une
deuxième Pentecôte (" la pluie de
l'arrière-saison ") grâce à laquelle
le Père se laisserait enfin persuader d'ouvrir les
cieux pour laisser descendre sur terre son Fils ?
Il ne semble pas qu'il en soit ainsi. La façon
dont Paul raisonne au chapitre 11 de la lettre aux
Romains, la façon dont Luc décrit dans "
les Actes" l'uvre du Saint-Esprit, ne permettent
pas de penser que ce " scénario "-là soit
envisagé.
Au contraire, dans ces écrits-là comme
d'ailleurs dans les autres textes du Nouveau Testament, y
compris l'Apocalypse, tout donne à penser que la
majorité des juifs restera " endurcie "
jusqu'à la fin. Leur " retournement " en bloc en
faveur de leur Messie véritable ne sera pas leur
mérite, leur succès, leur " uvre "
(même pas sous la pression d'une nouvelle Shoah !
!). Il sera uniquement l'uvre
miséricordieuse de leur Dieu leur faisant voir
leur Messie, avec les fruits inouïs de sa victoire
à lui (le dévoilement de son " corps "
ressuscité et glorifié).
Existe-t-il quelque raison valable pour ne pas lire et
comprendre dans ce sens-là cette phrase du
Seigneur même si, prise isolément, elle ne
paraît pas très explicite ?
"Jérusalem
sera sous la botte des étrangers de
toute la terre
(et elle restera
ainsi) jusqu'au
jour où sera révolu le
délai accordé par Dieu aux
nations. " (Luc
21. 24)
|
Ce jour-là sera-t-il autre chose que le jour de
l'Arrivée et de l'Avènement du Christ
Jésus rassemblant du milieu du monde entier son "
Israël messianique " inséparable de lui,
morts et vivants transformés à son image
?
Ne sera-ce pas là le premier acte de
règne et de " gouvernement " de ce Seigneur qui,
monté au ciel, en revient " dans la gloire du
Père " ?
"
II est monté au ciel, il siège
à la droite de Dieu. Il reviendra de
là pour gouverner les vivants
et les morts. Et son règne
n'aura pas de fin. "
|
C'est ce que je crois, moi aussi.
Et je pense que le bout de la nuit et l'arrivée
du jour sont maintenant bien plus proches que ne le croit
l'Église. Dès lors, pourquoi donc ne pas
prier ardemment notre Père
d'accélérer encore le peu de temps qui nous
sépare de la venue de son Règne ?
" Oui, que ton
Règne arrive ! " et "
Que ce monde passe !
"Amen!
|
suite : 080-quand.html