L'Avenir
des morts
Les morts ont-ils un avenir et quel est le sort des
disparus?
Première
réponse:
IL N'Y A
AUCUN AVENIR POUR LES MORTS.
"Où
allons-nous " se demande le philosophe
André Comte-Sponville "
Actualité des religions mai 2001 page
18-19.
" A la mort... Si, comme je le crois,
la mort c'est le néant, nous n'allons
vers rien d'autre que le rien. C'est pourquoi
il nous faut profiter de là où
nous sommes. Telle est la dimension
tragique de l'existence...."
|
Louis Aragon, poète de la
Résistance, a écrit ces mots, en devoir de
mémoire,
" Les morts ne dorment pas, ils n'ont
que cette pierre impuissante à porte la
foule de leurs noms.
La mémoire du crime est la seule
prière, passant , que nous te demandons."
Aragon
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Mots gravés sur le monument élevé
au camps de concentration de Mauthausen, en
Autriche. Pas d'avenir pour les morts ! sinon dans
les mémoires!!
Le seul avenir, pour tous ces disparus dans
les camps de la mort du III° Reich, c'est le
souvenir que peuvent en garder les
générations suivantes ! Voilà,
gravé dans la pierre, le message du poète:
désespérant et dérisoire
message!
Pourtant, je le trouve sur de nombreuses
tombes lorsque je parcours le cimetière de ma
petite ville: " Le temps passe, le souvenir reste".
Certes, il y a eu jadis beaucoup
d'affection derrière ces mots; mais quelle
tromperie aussi! Car si, incontestablement, " le temps
passe", ce même temps détruit aussi
inexorablement, à la longue, tous les
souvenirs.
Je connais beaucoup de vivants qui ont eu
vite fait pour oublier leurs "chers disparus" ! Quant
à ce défunt qui, par exemple, est
décédé en 1760 à l'âge
de deux ans, je voudrais bien savoir si, en 2008,
quelqu'un se souvient de lui !!
Mais notre Dieu, lui, s'en souvient....
" Quand on est mort on est bien mort
!"
C'est la sagesse populaire qui dit cela. Elle a
raison. Car elle ne fait que constater
l'évidence. Lorsque l'enfant voit un
hérisson mort, écrasé cent fois par
les autos sur la route, il a vite compris que cet animal
est "bien mort", c'est à dire totalement et
définitivement mort. Ce vivant a, ni plus ni
moins, disparu pour toujours. Il est retourné
à la poussière.
Mais qu'en est-il de l'être humain? Il en est de
même si l'on en croit le bon sens, l'existence des
faits, l'expérience commune et la raison: quand on
est mort on est bien mort. D'ailleurs, n'est-ce pas
la vérité que l'on rappelle lors des
inhumations, la vérité de ce que Dieu dit
à chaque fils d'Adam: " Tu es poussière et
tu retourneras en poussière." ?
Récemment, un de mes arrières-petits
enfants, ayant assisté à l'enterrement d'un
grand père, à dit à ses parents: "
On ne va pas tous au ciel, avec Jésus, quand on
est mort: moi j'ai bien vu que Pépé on l'a
mis dans la terre... il ne peut pas être à
la fois dans la terre et au ciel!" Cet enfant a 7 ans
1/2, et sa logique imparable me force à
réfléchir. Son réalisme est
plus vrai que tous nos spiritualisme, nos
idéalismes religieux et nos affabulations sur "
l'au-delà" et " l'aprés-mort"!
Le surprenant réalisme de l'ancien
Israël.
Ceux qui mettent tous les versets bibliques sur le
même plan seront sûrement
déconcertés par ce qui suit.
Au temps de Jésus les Sadducéens
représentaient un des courants importants du
judaïsme. N'acceptant que l'autorité des
cinq livres de Moïse ( le Pentateuque ) ils ne
croyaient pas à la résurrection des
morts. Leur conviction était que le seul
avenir des disparus était de se survivre en la
personne de leurs descendants. Ils étaient
réalistes et, en même temps, leur foi
biblique pouvait se fonder sur de nombreux textes, ces
textes qui nous gênent aussi parfois
aujourd'hui.
Voici quelques-uns de ces passages:
"La
poussière retourne à la terre,
selon ce qu'elle était, et le souffle
de vie retourne à Dieu qui l'avait
donné."
Ecclésiaste ( Qoheleth ) 12.7
" Un sort identique
échoit au juste et au
méchant... Un chien vivant vaut mieux
qu'un lion mort. Car les vivants savent
qu'ils mourront mais les morts ne savent rien
du tout... Le sort d'Adam, c'est le sort
de la bête. C'est un sort
identique: telle la mort de la bête,
telle la mort des humains. Ils ont tous
un souffle identique. La
supériorité de l'homme sur la
bête est nulle, car tout est
vanité."
(Ecclésiaste 3. 18-21)
N.B. Le mot traduit ici par "souffle" est
traduit souvent par " esprit". Mais ce
n'est pas une " âme immortelle" qui est
donnée à l'homme par
Dieu. C'est le souffle de vie qui est
accordé aux humains comme aux animaux
et qui ensuite, leur est repris pour
retourner à Dieu. Celui-ci "
prête vie".
" Vois les animaux
petits et grands: tous comptent sur toi,
Seigneur, pour leur donner en temps voulu la
nourriture ...Tu caches ta face, ils sont
épouvantés, tu leur reprend le
souffle, ils expirent et retournent à
leur poussière. Tu envois ton
souffle, ils sont
créés."
(Psaume 104. 25-30)
" Le séjour
des morts ne peut pas te louer ni la mort te
célébrer. Ceux qui sont
descendus dans la tombe n'espèrent
plus en ta fidélité. Le
vivant, lui seul, te loue."
(Esaïe 38.18-19)
N.B. ( Tob note m) page 828 de
l'ancien testament)
"A l'époque ancienne, et encore au
temps d'Esaïe, on envisageait la mort
comme une séparation radicale du
défunt et de Dieu. Le
séjour des morts était un
domaine sur lequel le Seigneur ne
régnait pas".
On voit à quel point et avec quel
réalisme les Israélites prenaient
la mort au sérieux.
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Le réalisme normal de
la science moderne.
"L'aprés mort" ,
" l'au delà de la mort" ou " l'avenir des
disparus", voilà des questions que la science ne
peut pas et ne doit pas se poser. Sinon elle
sortirait de son domaine propre et se permettrait de
faire de la " méta-physique", c'est à dire
de ce qui est au delà du "physique"
. Celle-ci, au sens large, est le savoir sur les
réalités de la nature, sur les lois de la
nature, sur les phénomènes observables,
mesurables et expérimentables. Loin de
déprécier le savoir scientifique le
chrétien d'aujourd'hui doit bénir Dieu
à ce sujet, non seulement à cause des
bienfaits qu'il en reçoit mais aussi à
cause des prodigieuses capacités dont Dieu
gratifie les humains. Mais inversement, que le
chrétien ne tente pas de soumettre sa foi aux
résultats de la recherche scientifique ou
d'amalgamer ces deux domaines !
Pour la science,
l'être humain est un être vivant dont le
corps est programmé pour
disparaître. Comme tous les
êtres vivants! Et quand il a disparu, le
réalisme scientifique ne peut que constater qu'un
fait observable: ce vivant est
mort.
" La mort est
scientifiquement parlant, sans remède car
l'être humain n'a en lui ni l'information ni
l'énergie pour dominer la nature au-delà de
la mort" ( Gustave Martelet )
Ainsi, " il n'y a aucun
avenir pour les morts" est l'affirmation
catégorique et d'une séculaire sagesse
populaire et de la foi d'une partie d'Israël et des
données réalistes de la science.
8 Novembre :
CONTRASTES;
" cimetière" = " lieu où
l'on dort", donc le grand " Repos " des
morts. Grand silence du Néant
!
Je le traverse, au milieu
des fleurs déjà mortes, les
restes du Jour des morts..... Soudain,
depuis le Causse, à 10 km de là
, le glacial vent du Nord porte dans le
cimetière un bruit affreux et
démentiel:
les paras s'exercent au fusil
d'assaut !
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Georges SIGUIER . 14 rue Saint
Jacques 81200 MAZAMET
102-un-certain-avenir.html