ORIGINE ET EVOLUTION DE LA
VIE Jean-Jacques JAEGER Professeur à l'Université de
Montpellier Approches chretiennes relation entre la science et la
religion pasteur réformé
011-revolution
de la pensée humaine Notre planète a ceci d'unique
qu'elle est recouverte de vie. Cette vie
représente une tellemasse, qu'elle a de
très importantes interactions avec les pierres
d'une part, etl'atmosphère d'autre part. La Terre s'est formée en
même temps que la Lune, il y a quatre milliards six
cent millionsd'années. A cette époque, ces
deux planètes étaient similaires et aucune
trace de vie n'yexistait. Celle-ci a mis beaucoup de
temps pour apparaître sur notre planète. En
fait, la viene représente que vingt cinq pour cent
de l'histoire de la terre. On peut définir un
êtrevivant comme quelque chose qui est capable de
se reproduire à son image grâce à
uncertain nombre de molécules qui sont les acides
désoxyribonucléiques
véhiculantl'information génétique.
Un être vivant est quelque chose qui se
développe, qui consommede l'énergie, et qui
pour cela transforme des éléments. Le
résultat de cette activité est lacroissance
et la production de descendants. Les êtres vivants sont aujourd'hui
représentéspar un grand nombre de formes
très différentes. On trouve des formes
microscopiques, lesmicrobes, et des formes très
complexes comme l'Homme et certaines plantes. Quand on
cherche à définir des catégories, on
sépare d'abord naturellement les animaux et
lesplantes, et c'est là une erreur. On distingue
également les microbes d'une part, et tous les
autres êtres vivants de l'autre. Si on compare les cellules des
microbes et celles des autres organismes, appelés
Eucaryotes, qui regroupent les protistes, les plantes,
les champignons et les animaux, la première
différence évidente concerne la taille. Les
cellules d'eucaryotes sont beaucoup plus grosses que
celles des microbes, de dix à vingt fois plus. Au
milieu de la cellule d'eucaryote, il y a un noyau qui
renferme les chromosomes. Le microbe n'a pas de noyau et
son chromosome est diffus dans sa cellule. La nature
chimique des parois qui séparent le milieu
intérieur du milieu extérieur
diffère totalement entre les deux types
d'organismes. Enfin, dans la cellule eucaryote existent
des organites qui sont de véritables usines de
transformation de l'énergie. Chez les plantes
vertes, les chloroplastes sont le siège de la
photosynthèse. C'est là que la cellule fixe
l'énergie lumineuse du Soleil pour transformer le
gaz carbonique en sucre, libérant ainsi
l'oxygène. Ce phénomène sera
déterminant dans 1'histoire de la Terre. Un autre
type d'organite se retrouve à la fois chez les
végétaux et les animaux, ce sont les
mitochondries. Elles sont petites comme les chloroplastes
et sont le siège de la respiration. C'est
là, en effet, que l'oxygène sert à
dégrader les sucres pour produire de
l'énergie. Cette énergie est stockée
puis est libérée au moment où la
cellule en a besoin. La respiration produit du gaz
carbonique. En ce qui concerne le mode de reproduction,
la différence est aussi très nette entre
microbes et Eucaryotes. Les microbes se reproduisent par
simple division alors que les Eucaryotes sont le
siège de phénomènes complexes, la
mitose et la meïose, et pratiquent
généralement la reproduction sexuée.
Les organismes produisent des gamètes. Deux
gamètes, en se réunissant, forment un
oeuf. Ceci n'existe jamais chez les microbes qui
peuvent tout au plus échanger parfois une partie
de leur information génétique. Les
Eucaryotes ont besoin d'oxygène pour vivre. Si
celui-ci vient à manquer, la division cellulaire
se bloque. Avant qu'il y ait eu une certaine
quantité d'oxygène à la surface de
la Terre, les Eucaryotes ne pouvaient exister. Par
contre, la plupart des microbes sont capables de se
développer en l'absence d'oxygène. Ils
pratiquent un métabolisme dit
chimiosynthétique quand ils utilisent la
réduction du soufre pour produire de
l'énergie. Il y a aussi les fermentations
alcooliques et lactiques qui se rencontrent chez les
microbes et les champignons. En terme de rendement pour
la production d'énergie à partir de sucre,
la respiration est huit fois plus performante que la
fermentation. Grâce à des
progrès récents, il est maintenant possible
d'étudier l'information génétique
contenue dans l'ADN, l'acide
désoxyribonucléique, qui forme les
chromosomes. On peut alors établir des relations
de parenté, on peut savoir qui descend de qui, qui
est le cousin de qui. Ainsi, il s'est avéré
que la subdivision en deux types pour les organismes
primitifs, microbes d'un côté et champignons
eucaryotes de l'autre, n'est pas correcte. En fait, ce
sont trois groupes qui se distinguent, les champignons,
les bactéries et un type particulier de
bactéries appelées
Archéobactéries. Celles-ci vivent dans des
endroits invraisemblables, comme les sources sulfureuses
dont la température est de quatre vingt dix
degré C°', et les grands fonds
océaniques. On considère que ces
Archéobactéries sont les témoins des
premiers stades de vie, en tout cas, de formes de vie
capables de se développer en l'absence
d'oxygène. On a aussi démontré que
les mitochondries et les chloroplastes étaient,
à l'origine, des microbes entrés dans les
cellules primitives d'Eucaryotes et vivant en symbiose
avec elles. Cette association, réalisée il
y a plusieurs milliards d'années, a
été un grand succès puisqu'en ont
découlé tous les champignons, tous les
protistes, toutes les plantes et tous les animaux. Ainsi,
les scientifiques ont-ils élaboré la
théorie symbiotique des Eucaryotes et
établi, à partir des êtres vivants
actuels, un scénario sur l'histoire,
l'évolution de la vie. Elle a commencé avec des microbes
primitifs vivant sans oxygène, puis ceux-ci ont
donné des formes plus élaborées, les
cellules eucaryotes, qui se sont
développées quand elles ont eu assez
d'oxygène à leur disposition. La symbiose
entre des microbes et des eucaryotes a permis à
ces derniers de prendre une grande expansion. Pour
confirmer cette théorie et lui donner des
repères dans le temps, il faut se
référer à la géologie qui
nous donne des informations peu nombreuses mais fort
utiles. C'est ainsi grâce aux méthodes de la
géochimie isotopique qu'ont pu être
datés le début de la terre à quatre
milliards six cent millions d'années et la trame
historique dans laquelle s'inscrit l'apparition de la
vie, il y a trois milliards huit cent millions
d'années. Au début, le volcanisme
était important et l'atmosphère
était composée de beaucoup de vapeur d'eau,
de gaz carbonique et de très peu d'oxygène.
Les géologues ont montré que cette
quantité d'oxygène avait augmenté
notablement, il y a deux milliards d'années. Pour
ce faire, ils ont considéré un dioxyde
d'uranium, 1'uranilite. Ce composé ne se rencontre
que dans les gisements plus vieux que deux milliards
d'années. Ce qui explique son absence par la
suite, c'est son instabilité en présence
d'oxygène qui l'empêche alors de se
déposer au fond des océans. C'est il y a
également deux milliards d'années
qu'apparaissent des roches de couleur rouge, issues de
l'oxydation du fer. Et pour oxyder, il faut de
l'oxygène! Autre phénomène, entre
deux milliards quatre cent millions et un milliard sept
cent millions d'années, sur presque toute la
planète se forme des minerais de fer
rubané. Ces oxydes de fer peuvent former des
couches atteignant cinquante centimètres
d'épaisseur. Les géologues expliquent ce
phénomène simplement. Depuis la formation
de la Terre, le fer ferreux a été
érodé, enlevé des continents et
s'est accumulé dans les océans. Cette forme
est soluble dans l'eau. Quand la teneur en oxygène
a augmenté dans l'atmosphère, il y a deux
milliards d'années, le fer ferreux a
été oxydé, transformé en
oxyde ferrique insoluble. Cet oxyde a donc
précipité, est tombé au fond
où il a formé cette couche de rouille. A côté de ces
données apportées par la géologie,
d'autres sont livrées par la chimie. Les chimistes
attirent d'abord notre attention sur le fait que sans
eau, il n'y a pas de chimie. L'expérience de
Müller, réalisée en 1951, a
consisté à reconstituer dans un ballon ce
qu'on pensait être l'atmosphère primitive.
Celle- ci était constituée de
méthane, d'ammoniac, d'hydrogène et de
vapeur d'eau. Le mélange était ensuite
soumis à des étincelles dans un champ
électrique assez élevé de soixante
mille volts, ceci pour approcher l'action du rayonnement
ultra-violet qui devait être important à
l'époque de 1'apparition de la vie. Enfin, le mélange était
réfrigéré et alimenté en
vapeur d'eau pendant des jours. Le résultat de
cette expérience a été d'obtension
des molécules organiques qui constituent les
protéines, les acides aminés. Ceux- ci
étaient dextres ou sénestres, selon
1'orientation de leurs atomes, alors que les acides
aminés de nos protéines sont tous
sénestres. Cette célèbre
expérience a montré que des composés
organiques ont pu apparaître à la surface de
la terre pour peu que les conditions exposées
aient été réunies dans certains
endroits. Pourtant cette atmosphère des origines
n'est plus vraiment reconnue par les géologues.
Ceux-ci estiment qu 'il n'y avait sans doute pas de
méthane et qu 'il y avait un peu d'oxygène
et de gaz carbonique. L'expérience
réalisée avec cette autre composition
échoue toujours. Les chimistes ont pourtant
déployé des trésors d'imagination
pour arriver à ce qui pourrait être un
premier stade de vie. Ils ont réussi à
regrouper des grosses molécules organiques pour
former des sphères constituées de
membranes. On a vu qu'avec la reproduction et le
métabolisme, la membrane est un caractère
fondamental de la cellule vivante. La formation de
membranes peut s'observer dans une autre situation, celle
de l'émulsion obtenue par le brassage d'un
mélange d'huile et d'eau. Il se forme alors des
globules constitués de molécules
hydrophobes dans lesquelles de l'eau peut être
enfermée. Là encore, on peut voir en ces
éléments un stade primitif de ce qu'allait
devenir la membrane cellulaire. Mais on est encore loin
des membranes de bactéries et d'Eucaryotes. Le problème qui se pose est
celui de savoir comment s'est produite la
polymérisation qui, avec des molécules
organiques simples apparues à la surface de la
Terre, a donné des molécules complexes
jusqu'à un tel point que certaines, les acides
nucléiques, sont capables de conserver et de
transmettre l'information génétique
nécessaire à l'auto-reproduction de nos
cellules. Une seule explication a été
proposée récemment, elle est
formulée par l'anglais Karl Smith. Dans la nature,
le passage de l'état de molécule organique
simple à l'état de molécule
organique complexe n'a pu se faire sans l'aide d'un
tiers-composé à rechercher dans le
règne minéral. Il s'y observe en effet des
éléments capables de se reproduire
identiques à eux-mêmes. Cela se passe dans
l'eau grâce à l'action catalytique,
c'est-à-dire la stimulation des réactions
chimiques, d'ions métalliques comme ceux du
cobalt, du cuivre et du fer. Ces éléments
sont les cristaux, qui poussent à l'identique, et
cela des infinités de fois. Ce
phénomène est aisément observable et
il existe même des jeux qui consistent en solutions
que les enfants font évaporer pour observer la
pousse des cristaux. Certaines argiles font partie de ces
minéraux qui s'organisent en structures
reproductibles. Les argiles se rencontrent dans toutes
les eaux des océans et des rivières et
elles proviennent de l'altération des roches sur
les continents. Certaines adoptent une structure en
feuillets reliés les uns aux autres par des
liaisons chimiques. Ces feuillets ont la
propriété de s'auto-dupliquer grâce
à des métaux jouant le rôle de
catalyseur. Karl Smith a pensé qu'avant les
gènes organiques, il existait des gènes
minéraux constitués d'argiles. Au
début, les molécules organiques
étaient associées à ces gènes
minéraux qui assuraient la transmission de
l'essentiel de 1'information. Peu à peu, et
grâce à cette aide du monde minéral,
les molécules organiques se sont
complexifiées et ont été capables de
prendre le relais des gènes minéraux
jusqu'à les remplacer complètement et du
même coup, les faire disparaître. Cette
ancienne association du minéral et de l'organique
sera difficile à mettre en évidence car il
n'en existe actuellement pas d'analogie. L'idée de
Smith est pourtant fantastique et nouvelle, mais il n
'existe pas de laboratoire associant la recherche en
chimie organique et la recherche en minéralogie,
de ce fait, les investigations sont encore
limitées. Après celles de la
géologie et de la chimie, ce sont les
données de l'astronomie qui peuvent nous aider
à comprendre l'origine de la vie. Les astronomes
ont détecté la présence
demolécules organiques très complexes dans
l'espace interstellaire. Il serait pratique de penser que
la vie sur terre provient de ces molécules car on
n'aurait plus à expliquer le
phénomène de formation de molécules
purement terrestres. Dans certaines
météorites a été
trouvé un grand nombre de molécules
organiques extra-terrestres. Il est facile de penser que
ces molécules ont pollué les
météorites alors que ces dernières
se trouvaient dans l'atmosphère. Pourtant des
différences de structures démontrent
l'invalidité de cette hypothèse. Les
astronomes, étudiant les jeunes étoiles,
ont constaté que celles-ci dégagent
beaucoup plus d'énergie et de rayonnements
ultra-violets qu'on ne le pensait avant. Aussi, il y a
quatre milliards six millions d'années, notre
Soleil avait un rayonnement plus fort avec beaucoup
d'ultra-violets capables de dissocier les
molécules d'eau des océans terrestres et de
fabriquer de 1 'oxygène. Ce
phénomène, la photo-dissociation, avait
donc pu produire à l'époque une
quantité d'oxygène correspondant à
deux pour cent de la teneur actuelle. Le débat qui
s'engage est donc le suivant, y avait-il sur la Terre,
avant que la vie n'apparaisse, absence totale
d'oxygène ou présence de deux pour cent de
la teneur actuelle? De toute façon, une si faible
quantité ne permettrait pas la division cellulaire
des Eucaryotes. Intéressons-nous maintenant
à la paléontologie, c'est-à-dire aux
données que nous livrent les fossiles. D'abord, il
faut être conscient de la modestie de leur apport.
Les roches formées il y a trois milliards huit
cent millions d'années ont subi d'importantes
vicissitudes au cours de leur histoire. Elles se sont
accumulées au fond des mers puis elles ont
été comprimées, plissées,
réchauffées, recuites. Les chances de
retrouver des fossiles dans les roches très
anciennes sont donc faibles. Ces fossiles se
détectent par extraction avec de 1'acide ou par
détermination de la composition chimique de la
roche. En effet, on peut maintenant distinguer le carbone
minéral du carbone organique, par exemple en
déterminant la proportion de Carbone 13, isotope
du Carbone 12. Il est aussi possible d'étudier les
molécules organiques fossiles. On en a
trouvé dans les roches vieilles de trois milliards
d'années. Ce sont de grosses molécules
très complexes, identiques à celles des
chloroplastes des plantes vertes actuelles. Il existait
donc des bactéries photosynthétiques, il y
a trois milliards d'années. Passons maintenant en revue les fossiles
très anciens. Les plus vieux proviennent du
gisement d'Ijua, au Groenland, qui date de trois
milliards huit cents millions d'années, soit huit
cent millions d'années après la formation
de la Terre. Il s'agit de formes de vie unicellulaires
microscopiques. Elles portent une espèce de tube
et sont constituées de sphères à
membrane organique, charbonneuse, ornementée. Ces
premières formes de vie étaient
certainement des microbes qui tiraient leur
énergie de réactions chimiques, comme la
réduction du soufre par exemple. Pendant deux
milliards d'années, des structures simples aux
formes variées vont ainsi constituer les seuls
êtres vivants de la planète. Ces
bactéries vivaient isolées ou
étaient regroupées en chaîne. C'est
après ces deux milliards d'années de
domination bactérienne que va se produire une
formidable accélération de
l'évolution des êtres vivants, puisqu'en un
milliard d'années, on va passer des
premières cellules eucaryotes à
l'incroyable foisonnement actuel. Les changements
affectant les bactéries ont donc été
faibles, on peut toutefois noter la présence
d'organismes plus structurés, ce sont les
Cyanobactéries. Ces microbes
photosynthétiques utilisent l'énergie
lumineuse grâce à la chlorophylle, pour
transformer le gaz carbonique en glucide. Crachats de
Lune est le nom que 1'on donne aux masses
gélatineuses qui se forment dans les endroits
humides. Leur couleur est vert glauque. Ces masses sont
en fait des colonies de bactéries vertes. On les
appelle aussi Nostrops ou champignons chinois car elles
constituent un mets très recherché de la
cuisine chinoise. Ces bactéries
photosynthétiques vivent avec de l'oxygène
mais sont aussi capables de s'en passer. il en existe une
grande variété de forme et les cellules
s'associent en chaînes. Aujourd'hui encore, dans
certaines parties du monde, elles construisent de grandes
croûtes de carbonates, des concrétions
calcaires à quelques mètres de fond dans
les mers chaudes. Ce dépôt de calcaire est
le résultat de l'activité
photosynthétique. Quand le gaz carbonique est
absorbé, sa teneur sous forme dissoute dans l'eau
diminue, ce qui a pour effet de faire précipiter
le calcaire. Ces Stromatolithes existent actuellement
dans les Mers du Sud, mais elles sont très
limitées. Par contre, entre trois milliards cinq cent
millions d'années et un milliard 'années,
ces colonies de Cyanobactéries avaient un
développement gigantesque partout dans le monde.
On connaît de véritables montagnes de
calcaire construites pendant cette période.
Certaines ont une épaisseur de trois à
quatre kilomètres sur des centaines de
kilomètres d'étendue. Il en existe au
Sahara, en Australie, en Sibérie, au Canada,
partout sur les vieux continents. Par leur
activité photosynthétique, ces colonies de
Cyanabactéries ont fabriqué notre
oxygène. Celui-ci a tout d'abord servi à
oxyder le fer ferreux et les autres composés
réducteurs de la surface de la Terre. Quand ces
composés ont été rassasiés,
la quantité d'oxygène libre a peu à
peu augmenté et c'est il y a deux milliards
d'années qu'un seuil a été atteint,
le seuil qui a permis l'apparition des cellules
eucaryotes. Les premiers Eucaryotes, qui se
distinguent des bactéries par leur plus grande
taille, sont de simples cellules rondes, elles ont un
milliard sept cent millions d'années. Par la
suite, pour que les Eucaryotes deviennent des organismes
pluricellulaires, il a fallu que se mettent en place les
règles, les systèmes qui contrôlent
les échanges entre les cellules. Les plus anciens
connus proviennent du gisement d'Ediacara, en Australie,
et ils sont vieux de six cent quarante millions
d'années. Ce sont des organismes marins, des
méduses proches des formes actuelles, comme les
Gorgones, par leur organisation. Il y a aussi des vers
primitifs qui ressemblent aux Néreïs connus
des pêcheurs, et d'autres formes bizarres. Aucun de
ces organismes n'a de squelette. Le fait qu'ils soient
tous marins indique que le caractère
pluricellulaire est apparu dans les océans. Le
gisement d'Ediacara est bien représentatif car ses
fossiles se trouvent main-tenant partout dans le
monde. Une véritable
révolution survient vers cinq cent soixante dix ou
cinq cent quarante millions d'années, avec
l'apparition d'invertébrés marins qui,
cette fois, sont pourvus d'un squelette externe. Ces
fossiles se trouvent en abondance car les conditions de
leur conservation sont beaucoup plus favorables que pour
les organismes sans squelette. Les géologues
considèrent le début des "temps
fossilifères" à cette date de cinq cent
soixante dix à cinq cent quarante millions
d'années qui n'est pas f ixée exactement. C
'est le début du PhanérozoÏque. On
trouve alors des Arthropodes primitifs, les Tribolites,
des mollusques à la coquille enroulée en
spirale simple, des mollusques filtreurs qui ressemblent
à des moules. Bien entendu, ces organismes sont
venus s'ajouter aux formes sans squelette qui existaient
déjà. La Montagne Noire a livré des
fossiles qui forment un ensemble très riche et
bien conservé daté du Cambrien, les
Tribolites y sont abondants. Un autre gisement
exceptionnel a été découvert au
Canada, dans les Montagnes Rocheuses, ilest vieux de cinq
cent millions d'années et correspond au Cambrien
moyen. Près de cent vingt espèces y
ont été distinguées, dont quarante
du groupe des Arthropodes, celui des Tribolites et vingt
du groupe des vers qui vivent encore actuellement au fond
de tous les océans et dont les noms font fuir les
étudiants en zoologie! il y a aussi des
méduses et des Coelantérés, et
beaucoup d'éponges. il ne s'agit encore que
d'organismes marins. En fait, tous les organismes marins
actuels, à 1'exception des
Vertébrés, sont apparus à cette
époque, il y a cinq cent soixante dix millions
d'années. Le gisement canadien a aussi
livré des êtres qui n'ont pas
d'équivalents actuels. il y en a douze
catégories et aucun zoologue n'en revendique la
paternité. Le spécialiste des vers dit que
ce ne sont pas des vers, le spécialiste des
Arthropodes dit que ce ne sont pas des Arthropodes. En
fait, on ne sait pas les définir. L'un d'entre eux
porte le nom d'Alexigénia, il donne des
hallucinations à ceux qui essaient de le
comprendre. C'est un bâtonnet, avec des paires
d'appendices dont on pense que ce sont des pattes. On ne
sait pas où est le haut et où est le bas.
Des tiges se développent à l'opposé
des appendices. Il y a des appendices impairs qui se
déterminent par une pointe. A une
extrémité, un petit tube se recourbe. On ne
sait pas où est l'avant et 1'arrière.
Finalement, on est incapable de déterminer son
plan d'organisation par rapport aux êtres vivants
actuels. Ces douze types mystérieux
témoignent simplement de la grande
diversité qu'a pris le monde vivant quand a eu
lieu cette véritable explosion biologique d'il y a
cinq cent soixante dix millions d'années dans les
mers. D'une manière moins
prosaïque, les Paléontologues
établissent des diagrammes qui montrent
l'évolution du nombre de formes de vie en fonction
du temps. Vers six cent quarante millions
d'années, il y a très peu de formes, qui de
plus, ne possèdent pas de squelette externe. Puis
il y a cette explosion à cinq cent soixante dix
millions d'années avec l'apparition des formes
à squelette externe. Pendant cette période
de quatre cent quatre vingt dix millions d'années,
on passe en fait de zéro à quatre cents
familles de ces formes. La courbe de l'accroissement de la
diversité est exponentielle.
L'évènement est considérable et il
mérite qu'on s'y attarde un peu. Quel est le
phénomène responsable de cette explosion de
la vie dans les mers? Bien sûr, il y avait d'abord
de la place vide à y prendre, mais il faut
déterminer le mécanisme de 1'explosion. Il
existe deux explications possibles. La première
invoque l'invention de la reproduction sexuée.
Tous les individus issus de ce mode de reproduction sont
différents les uns des autres. Quand les
conditions du milieu changent, une partie des individus
est apte à survivre. A l'opposé, chez les
bactéries, les individus sont tous identiques. Quand on cultive une bactérie dans
une boîte de pétri, on voit grandir une
tache, les bactéries se multiplient par clonage.
Si on y met de la pénicilline, elles meurent
toutes sauf peut-être une sur cent mille, un
million ou même dix millions, qui est mutante. Avec
la reproduction sexuée, tous les individus d'une
espèce sont génétiquement
différents, sauf dans le cas des jumeaux vrais.
D'abord, il y a mélange d'une partie de
l'information génétique du père
à une partie de celle de la mère. Ensuite,
il y a des recombinaisons entre ces deux stocks, ce qui
fait que les enfants sont différents même
s'ils ont reçu les mêmes informations
génétiques du père et de la
mère. Encore une fois, en cas de changements des
conditions du milieu, certains individus auront toujours
une combinaison de gènes qui répondra
favorablement à ce changement. Ainsi, une
population d'origine donnera naissance à des
populations différentes, adaptées à
différents milieux, qui deviendront autant
d'espèces. La deuxième explication possible
est d'ordre écologique. Considérons l'introduction d'un
brochet dans un étang. On peut penser qu'il va y
manger tous les poissons. La réalité est
différente, à condition que 1'étang
soit suffisamment grand. Le prédateur va
réduire la population de l'espèce de
poisson la plus abondante. Ce faisant, il va faire de la
place aux autres espèces qui pourront se
développer. Les écologistes font couramment
cette expérience. Un prédateur limite la
prolifération de sa proie
préférée et libère des niches
écologiques pour d'autres espèces,
favorisant la diversité biologique. Pour revenir
à l'origine de cette diversification, il faut
savoir qu'en dehors des plantes, les Eucaryotes tirent
leur énergie de la consommation d'autres
êtres vivants. Ce sont des consommateurs. Les
premiers Eucaryotes mangeaient des algues et des
bactéries, c'est-à-dire des producteurs
primaires ou alors d'autres Eucaryotes consommateurs. Le
système va donc se complexifier pour construire
des pyramides écologiques. Au fur et à
mesure que des prédateurs s'ajoutent au sommet de
la pyramide, sa base s'élargit. Les pyramides actuelles ont une ampleur
considérable, par exemple dans les forêts
équatoriales ou les récifs de corail. Pour
ces derniers, le sommet de la pyramide est occupé
par les grands prédateurs que sont les requins.
Voici donc les deux causes vraisemblables que l'on
invoque pour expliquer l'explosion de la vie dans les
mers. Les Vertébrés n'ont pas encore
été cités. Pourtant, ils font une
apparition timide à ce moment et se
développent sous forme de poissons à partir
de quatre cent cinquante millions d'années. Après son expansion dans les
mers, le monde vivant va s'attaquer au milieu terrestre
vers trois cent soixante dix millions d'années
avec les Arthropodes et les plantes, les
Vertébrés y viendront beaucoup plus tard.
Cette conquête implique encore de
considérables innovations et un grand
bouleversement de la surface de la planète. Si on
reprend la courbe de la diversification des formes
vivantes qui commence à cinq cent soixante dix
millions millions d'années, on arrive finalement
à une certaine stabilité avant d'atteindre,
à deux cent trente millions d'années, une
baisse de la diversité. A quoi ce nouveau
phénomène est-il dû? Il s'agit
là, d'une véritable extinction en masse
puisque cinquante deux pour cent des formes de vie
marines ont alors disparu. Après cette
première crise, il y a eu une nouvelle
augmentation de la diversité, puis des
fluctuations jusqu'à la dernière
période d'extinction qui correspond à la
disparition des Dinosaures. Les paléontologues,
à côté desgraphiques prenant en
compte le nombre des espèces présentes
à différentes périodes,
établissent des graphiques à partir des
taux d'extinction. Ils ont, par exemple, calculé
le nombre des espèces qui disparaissent en
considérant des intervalles de temps de six
millions d'années. En permanence, des
espèces disparaissaient, mais de nouvelles formes
venaient alors les remplacer, le phénomène
est normal. Pourtant, à cinq reprises, s'observe
une rupture de l'équilibre due à une
extinction massive. Le taux d'extinction atteint alors de
forts pourcentages. Nous allons étudier le cas des
Dinosaures. Vers soixante dix millions d'années,
le Monde avait une géographie très
différente de l'actuelle. L'Europe n'était
alors qu'un pédoncule de l'Amérique du Nord
et on pouvait passer à pied sec de
l'Amérique du Sud en Australie par l'Antarctique.
Le climat était aussi très
différent, il n'y avait pas de calotte glaciaire
aux pôles, ceux-ci étaient
tempérés et les conditions étaient
ailleurs tropicales. L'ère secondaire correspond
au règne des Dinosaures et au développement
des plantes gymnospermes, les arbres à aiguilles.
Alors que les Mammifères jouaient un rôle
très modeste, les Dinosaures, très
diversifiés, occupaient toutes les niches
écologiques. Ils étaient herbivores ou
carnivores, de grande ou de petite taille. Pourtant, ils
ont tous disparu il y a soixante cinq millions
d'années, à l'occasion de la
cinquième période d'extinctions en
masse. Ces Reptiles disparus sont bien connus de
tous, comme ces grands Diplodocus, ou ces
Stégosaures à double rangée de
plaques sur le dos. Mais ces formes géantes
n'étaient pas seules. Il existait aussi de petites
espèces dont une ressemblait à l'Autruche,
sans les plumes bien sûr. L'Anchilosaure, quant
à lui, portait un très lourd bouclier
osseux. Cette espèce était abondante dans
le Midi de la France, elle vivait à la fin de
l'ère des Dinosaures vers soixante six millions
d'années. Il y avait aussi les Dinosaures à
bec de canard, avec une calotte sur la tête, et des
pattes palmées, et les Tricératops
ressemblant à des Rhinocéros et qui
représentent les derniers fossiles connus de
Dinosaures, autrement dit les derniers
représentant d'un groupe qui a dominé les
continents pendant cent cinquante millions
d'années. Au sommet de la pyramide
écologique des Dinosaures, les grands
prédateurs avaient des membres antérieurs
très petits et une tête
disproportionnée par sa grande taile, avec des
mâchoires redoutables portant des dents de vingt
à trente centimètres de longueur. Les Dinosaures nous ont laissé leurs
os, mais aussi leur oeufs. La Montagne Sainte-Victoire en
est 1'un des gisements les plus importants du Monde.
Comment explique-t-on leur disparition, il y a soixante
cinq millions d'années? On parle d'un brutal
refroidissement, un "hiver nucléaire", mais il
n'est pas démontré scientifiquement. Ce qui
est démontré, c'est la diminution
progressive du nombre d'espèces, avec le temps,
j'usqu'à arriver à zéro
espèce. Les géologues ont fixé leur
limite entre l'ère secondaire et l'ère
tertiaire à ce niveau. Cette crise s'observe
également dans la vie des océans. Dans les
falaises de craie du Danemark, dans ces couches
déposées au fond des mers, s'immisce un
niveau noir qui correspond à la période
d'extinction d'un grand nombre de formes marines dont les
Ammonites, les Belemnites, les oursins de la craie, les
huîtres de la craie, etc ... Leur disparition coïncide avec celle
des Dinosaures. Cet appauvrissement périodique du
monde vivant est bénéfique dans un sens,
car il permet à de nouveaux groupes taxonomiques
de se développer pour relayer les disparus. Les Dinosaures ont été
remplacés par les Mammifères . Cinq
millions d'années après 1'extinction des
grands Reptiles, la plupart des groupes de
Mammifères existaient sur la Terre, occupant les
niches écologiques libérées. Si les
Dinosaures n'avaient pas disparu, leurs contemporains,
les petits Mammifères primitifs, auraient
gardé leur rôle obscur, sans aucune chance
de développement. Alors ne serait pas apparu, en
Afrique, cinq millions d'années plus tard, il y a
soixante millions d'années, un groupe de
Mammifères de petite taille, aux individus pesant
seulement quelques dizaines de grammes, mais voués
à un grand avenir. Ces Mammifères sont nos
ancêtres les Primates. ..
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