ALORS ? DIEU EST-IL SIONISTE ?
Oui ou non, est-il pour ou contre l'État juif
sioniste?
On aura déjà compris,
j'espère, que je ne me laisserai pas enfermer dans
ce dilemme (ni cataloguer " de droite " ou "de gauche ",
ni taxer de " fondamentalisme " ou de "
libéralisme théologique ", ni embrigader
dans une croisade quelconque pro-sioniste ou
anti-sioniste).
Il me faut, au contraire, confesser que
pour moi le Seigneur d'Israël n'est pas sioniste
à la façon du sioniste juif actuel mais
qu'il est sioniste à sa façon à lui.
Je veux dire que le sionisme d'Adonaï est celui du
Messie Jésus, uniquement et exclusivement. Ce qui
revient à dire : l'avenir de Jérusalem,
c'est Jésus le Christ, et l'avenir d'Israël,
c'est Jésus-Christ, tout comme l'avenir de
l'Église pagano-chrétienne, c'est
Jésus-Christ, tout comme le seul avenir de notre
terre et de notre humanité, c'est
Jésus-Christ. Or cette eschatologie-là
n'est pas " fuite dans une suspension de
l'éthique" mais au contraire fondement de la vraie
éthique chrétienne et de la vraie "
présence au monde" qui passe.
(Mais pourquoi Dieu n'est-il pas sioniste
à la manière des hommes et à la
façon de son propre peuple ? Nous pourrons le
comprendre grâce à un petit détour
par le 1 er livre de Samuel (chap. 8), où
s'affirme la " théocratie " de IHVH et se
dévoile sa " politique " (Dieu et Jésus, ce
n'est pas seulement de la " religion ", c'est aussi de la
" politique "!).
C'est le récit qui raconte comment
le peuple demande à Dieu de lui donner un roi,
à la place des juges, " pour
être comme les autres nations" (I Samuel 8 .
5) :
" Le
prophète Samuel fut très
mécontent qu'ils aient demandé
un roi et il se mit à prier le
Seigneur. Le Seigneur lui répondit :
écoute les israélites, accepte
leurs revendications. En effet, ce n'est pas
toi qu'ils rejettent, c'est moi ! Ils ne
veulent plus que je sois leur Roi.
"
|
La lecture de tout ce passage montre
clairement la pensée du Seigneur : il ressent
cette revendication des chefs d'Israël comme un
rejet de son autorité royale et de sa
souveraineté exclusive sur son peuple. Non pas
qu'il soit plutôt partisan de la démocratie
! Mais, pour lui, le grave péché
d'Israël consiste dans ce désir compulsif
"d'être comme les autres
nations " et de " vivre
comme les autres peuples ". Alors que
l'élection d'Israël et l'alliance
éternelle du Seigneur avec ce peuple choisi
n'existent que pour une seule raison : que ce peuple ne
soit pas comme les autres peuples ! Afin que, appartenant
sans partage à son Seigneur, il serve de
témoin au Seigneur au milieu des nations et en
leur faveur.
(On me répliquera : " oui, mais tu
fais fi de l'histoire et, au 20 ème siècle,
l'Israël qui ne connaît pas son Messie et ne
croit pas en lui peut légitimement se doter d'un "
Etat-nation " semblable à tous les autres "
États " des " nations " de ce monde . " Je
répondrai d'abord que nous, les
pagano-chrétiens de la séculaire "
chrétienté ", sommes vraiment mal
placés pour reprocher aux juifs de pactiser avec
les dieux des païens et d'adopter les
idéologies politico-religieuses des " goïm ",
des nations !
Mais je répondrai surtout ceci : ce
n'est pas parce qu'Israël perd la
fidélité à son élection et
à l'alliance que Dieu cesse d'être
fidèle à cette élection et à
cette alliance. Et ce n'est pas parce que les juifs ne
croient pas à leur Messie que Dieu cesse
d'être fidèle à son Messie
crucifié comme seul " Roi
des juifs ". Et ce n'est pas parce que
l'Israël du 21 ème siècle veut
être et est " comme les
autres nations " que son Roi a changé
d'idée en abandonnant la position de
souveraineté exclusive que, de sa part, Samuel
rappelait au peuple ! Non, le Seigneur unique n'est pas
devenu un super chef nationaliste ni un " intellectuel de
gauche " en entrant dans l'époque contemporaine.
Depuis qu'il a adopté définitivement les
positions politiques (et " religieuses ") de Jésus
de Nazareth, j'ai l'impression qu'il est devenu
plutôt " anarchiste " (cf le chapitre 9) !! Car on
ne mesure pas le caractère radical du changement
accompli par Jésus quand il s'est refusé
aussi bien au sionisme collaborationniste des Pouvoirs
établis qu'au sionisme violent des zélotes
" terroristes "; sans omettre de dire qu'il opposait un "
non " absolu au " César " seigneur mondial de "
l'État " romain, au nom du Seigneur d'Israël,
son Père.
Or, c'est le sionisme de Jésus qui est
celui de Dieu. Le sionisme de l'État
d'Israël est celui des hommes, celui de la
"Jérusalem d'en bas", qui reste esclave (Galates 4
. 25).
DIEU EST PARTISAN DE LA SION " D'EN - HAUT
"
C'est en ce sens qu'il faut parler
positivement d'un " sionisme " de Dieu. C'est celui de "
la Jérusalem d'en-haut " qui vient en descendant
avec la Parousie de Jésus, apporter le ciel sur la
terre. Elle " engloutira " la Jérusalem actuelle
pour se substituer à elle : le prochain chapitre
tentera de la " décrire ". Son arrivée
" engloutira aussi la mort dans sa
victoire " (I Corinthiens 15 . 54-57). Dés
à présent le beau sionisme de Dieu nous
donne cette Sion-là pour mère :
" La
Jérusalem d'en-haut est notre mère
à tous. Elle est libre ... Et nous (fils
de Dieu par la foi en Jésus-Christ - 3 .
26) nous sommes les enfants de la femme libre.
"
(Galates 4 . 26 & 31 - cf Apocalypse
12)
|
Appartenir par la foi au Messie
" assis à la droite de Dieu
", c'est donc avoir, comme " citoyenneté "
et comme morale civique et politique, de ne plus "
appartenir " à un Etat-nation quelconque mais,
tout en y séjournant et en y servant l'amour de
Dieu, d'être libre de suivre la " loi " du Christ,
la " loi " du Royaume, par une " éthique
anticipatrice " de l'avenir.
Cette distance à prendre
vis-à-vis de l'Etat-nation israélien n'a
rien à voir avec l'anti-sionisme, fréquent
aujourd'hui dans bien des milieux chrétiens.
Encore moins, bien sûr, avec l'anti-sionisme des
négationnistes, tel que Roger Garaudy les illustre
!
Non, cette critique de l'État juif
actuel se fonde sur l'Évangile et sur l'abolition
de tout " État " annoncée pour la Parousie
par cet Évangile. Dans cette lumière du
Règne de Dieu qui vient, c'est n'importe quel "
Etat-nation " ( y compris l'État d'Israël )
qui doit être jugé négativement et
qualifié " d'anti-christique ". Pourquoi ? Parce
que le sionisme de Dieu , en Jésus-Christ, est en
contradiction avec la logique et la " raison
d'État " de toute " Puissance publique "
détentrice de la force armée au service des
intérêts collectifs. Le sionisme de
Jésus, le " Roi des juifs" , est en effet
caractérisé par le refus du Pouvoir, le
refus de la légitime défense, le refus de
la violence meurtrière inhérente aux "
Puissances "de ce siècle, et par le règne
parfait de l'amour divin.
Que les nations ne puissent pas adopter une
telle politique qui les ferait disparaître
immédiatement, c'est évident !
Mais que les disciples de Jésus
adoptent et pratiquent la politique des Pouvoirs de ce
monde, et surtout qu'ils en trouvent la
légitimité spirituelle dans la Parole de
leur Maître, voilà de quoi les maintenir,
eux et leurs églises, sous le jugement et la
colère de Dieu.
Car depuis que son Messie a fondé le
Royaume de Dieu sur le sang de sa croix et depuis qu'il
règne au trône céleste, le
Père d'Israël attend de " tout Israël
" qu'il reconnaisse son Libérateur en la
personne du Messie et qu'il se range sous sa loi
d'amour.
La vraie patrie de chaque juif est la
Jérusalem " d'en-haut " qui vient
bientôt.
Et la vraie patrie de chaque " païen
messianique " disciple de Jésus est la
Jérusalem " d'en-haut " qui va descendre
ici-bas.
" O
cité de Dieu, quelle que soit sa
patrie d'origine, tout homme dira de toi : "
Mère Sion, Sion ma Mère "! Et
danses et chants te diront : " toutes mes
sources sont en
toi
"
(Psaume 87)
|
Georges SIGUIER . 14 rue Saint Jacques
81200 MAZAMET Tél: 05.63.61.18.51
suite: 170-dieu_anarchiste
!.