TRADUCTIONS DIVERSES
Au risque de lasser le lecteur qui voudrait être
dispensé de la réflexion patiente, voici
quelques traductions récentes de ces phrases de
Paul :
" Car je ne veux
pas, frères, que vous ignoriez ce
mystère, de peur que vous ne vous
preniez pour des sages : l'endurcissement
d'une partie d'Israël durera
jusqu'à ce que soit entré
l'ensemble des païens. Et
ainsi, tout Israël sera
sauvé." (trad. T.O.B.)
" Une partie
d'Israël s'est endurcie jusqu'à
ce que soit entrée la
totalité des Gentils, et ainsi
tout Israël sera sauvé, comme il
est Écrit.." (trad. Bible de
Jérusalem)
" L'endurcissement
partiel qui a frappé Israël
durera jusqu'à ce que soit
entrée la masse des
païens. Et alors Israël
tout entier sera sauvé, selon qu'il
est écrit" .... (trad. Osty et
Trinquet)
" Il y a
endurcissement d'une partie d'Israël
jusqu'à l'arrivée des
païens au complet. Et c'est
ainsi que tout Israël sera sauvé,
comme il est écrit ."....
(trad. A. Maillot)
" L'endurcissement
est venu en partie pour Israël
jusqu'à ce que la
plénitude des nations
soit entrée. Et ainsi tout Israël
sera sauvé..." (trad A.
Chouraqui)
" Une partie du
peuple d'Israël est devenue incapable de
comprendre, mais cela ne durera que
jusqu'à ce que l'ensemble des
autres peuples soit parvenu au salut.
Et voilà comment tout Israël sera
sauvé comme le déclare
l'écriture ..." (trad.
français courant)
" Une partie du
peuple d'Israël refuse de comprendre, et
cela durera jusqu'à ce que les
autres peuples reviennent vers Dieu.
A ce moment-là, tout le peuple
d'Israël sera sauvé,
comme.."
(trad. français
fondamental)
|
Telles sont donc quelques unes des traductions en
usage actuellement en français. Limitons-nous
à celles-là ! Comparons-les. En relevant
les termes qui font difficulté et, autant que
possible, les pièges qui se cachent dans certains
mots ou " entre les lignes", essayons d'expliquer et
d'élucider.
QUELQUES PIÈGES ET
OBSCURITÉS
Le mot "plénitude"
("jusqu'à ce que la plénitude des nations
..") correspond à l'idée d'un
récipient ou d'un réservoir qu'on remplit
jusqu'au bord. "Faire le plein d'essence" équivaut
parfaitement à dire" porter l'essence à sa
plénitude dans le réservoir".
L'apôtre exprime donc l'idée que, pour
que tout Israël soit sauvé, il
faut d'abord que les non-juifs appelés
à entrer (dans l'Israël
déjà sauvé) y soient entrés
"en plénitude". C'est-à-dire "au complet":
non pas en totalité numérique mais dans le
nombre que Dieu aura voulu selon son choix, selon
"l'élection" de ses élus au
milieu de toute l'humanité.
Au fond, on pourrait élucider ainsi :
" jusqu'à ce que Dieu ait
fait son plein de non-juifs dans son immense
réservoir où juifs et non-juifs
sauvés seront l'ensemble de l'Israël
messianique total et définitif ."
Mais c'est une erreur de prêter à
l'apôtre Paul l'idée que c'est l'ensemble de
toutes les nations qui doit "entrer" ou que c'est la
totalité des individus non-juifs qui doit
être incorporée à ce " tout
Israël" dont parle sa phrase. Non ! Puisqu'il parle
dans la perspective de l'accomplissement final de
l'Alliance par l'arrivée du Libérateur
à Sion et pour
Israël, il annonce ici le
rassemblement " au complet" de tous
les "Élus" au Jour du Christ Jésus.
Et nullement un salut universel final sans
"Élection", sans "alliance", sans "l'appartenance"
au Messie Jésus !
Mais les milliards d'humains "non-élus" pour
cette parousie du Fils de Dieu et pour cette
révélation des fils de Dieu
(Romains 8. 19) ne seront pas pour autant oubliés
dans les plans miséricordieux de Dieu ni
jetés dans la géhenne de feu ! Les derniers
mots de ce chapitre 11 font plutôt espérer
et attendre la contraire !
L'expression " tout
Israël", maintenant, est donc elle aussi
à préciser.
Comment la comprendre ? Pour cela, n'en restons pas au
sens que nous trouvons dans le premier Testament
(l'Ancien Testament) lorsqu'il s'agit de l'ensemble du
peuple d'Israël (les deux royaumes
séparés enfin réunis en un seul, un
"tout" ). Rapprochons plutôt notre verset du verset
16 de Galates 6 qui dit : "paix et
miséricorde sur ceux qui se conduisent selon cette
règle, comme à tout l'Israël de
Dieu" . Là, comme l'explique la
note de la T.O.B., " l'Israël de Dieu est l'ensemble
des israélites qui ont cru au Christ
crucifié et qui, en union aux païens
convertis, forment le " vrai" peuple de Dieu" (cf
Romains 9. 11). Dans sa lettre aux Galates, Paul donne sa
bénédiction apostolique d'abord à
ses frères de Galatie qui suivent la
"règle" fondamentale de la foi, mais ensuite sa
pensée s'élargit à tous ceux qui en
font de même : l'ensemble de tous ces juifs et
non-juifs disciples de Jésus qui forment
l'Israël fidèle,"l'Israël nouveau"
qualifié par conséquent ici comme
l'Israël " de Dieu" (cf de même l'expression
"la Jérusalem d'en-haut" employée ailleurs
par Paul).
Pour revenir à Romains 11. 26, nous pouvons
donc dire que Paul parle dans le même sens de "tout
Israël". Mais ici, il envisage le futur,
l'avenir promis à ce
"tout Israël" , et il
explique longuement que cet avenir consistera dans la
restauration définitive de l'unité
brisée, en Israël, entre les juifs qui
croient au Messie Jésus et les juifs qui sont
aveuglés et endurcis au sujet de leur Messie. Et
c'est l'acte de miséricorde de Dieu qui, ce
jour-là, mettra fin à cet endurcissement
provisoire et refera " un
tout" des deux "
parties" juives anormalement
séparées jusque là.
On pourra alors parler de "plénitude" à
propos de tout cet Israël de Dieu (mais à
condition d'y inclure l'immense foule des non-juifs
"greffés" sur ce peuple d'Israël parce qu'ils
suivent Jésus comme leur Messie, aussi à
eux - chapitre 11. 13 et suivants). Ce sont les
non-juifs, redisons-le, que la Bible désigne du
terme de "gentils = nations = ethnies" (en hébreu
: "goïm"), quelle que soit par ailleurs la foi ou
l'absence de foi de ces "païens" !
" sera sauvé ": tout
Israël sera alors
sauvé".
N'oublions pas que ces trois chapitres de la lettre
sont consacrés à Israël, aux juifs et
à la "solution finale" de la "question juive". En
contraste avec sa tristesse profonde exprimée au
chapitre 9, la joie de Paul est immense quand il montre
d'avance comment se résoudra la terrible question
de l'aveuglement de tant de juifs, ses frères. Cet
aveuglement sera supprimé par l'intervention
directe de Dieu lui-même : il mettra fin à
ce temps de sa "colère" contre "Sion-Israël"
en laissant éclater sa bonté et en faisant
miséricorde à tous les "endurcis" de son
peuple élu. Ils entreront eux aussi dans la salle
du Festin des Noces de l'Agneau. Et cette
plénitude d'Israël "au complet" s'ajoutera
à la plénitude des "païens"
déjà convertis à Jésus et
déjà accueillis dans l'Alliance. "Pas de
déficit dans les comptes de Dieu", disait mon
maître W. Vischer autrefois. Non ! au contraire,
surabondance de la grâce !
Voilà "comment" tout Israël sera
sauvé : par ce "retour" en masse
dans l'amitié et la communion du Père des
tous ces endurcis.
Seront-ils alors "sauvés" sans croire en
Jésus ? Certes pas ! Ils croiront en Jésus
! Ils verront, ils comprendront que
le Crucifié est leur Messie et leur Sauveur, et
ils "pleureront à son sujet
et à cause de Lui comme on pleure sur la mort d'un
fils unique" (Apocalypse 1. 7 et Zacharie 12.
10-14). Mais c'est l'acte de miséricorde de leur
Dieu qui produira et provoquera leur décisive
repentance.
Comment cela ? Lorsqu'ils
"verront "celui qu'ils ont
transpercé (Apocalypse 1. 7). Quand ils se
trouveront soudain en présence du
Ressuscité, comme Thomas, ils tomberont à
genoux en criant : "Mon Seigneur et
mon Dieu " !
N'est-ce pas cette Heure inouïe que Paul fait
contempler d'avance en reprenant la promesse
prophétique d'Esaïe et en l'appliquant
à l'Arrivée du Libérateur dans la
gloire du Père ?
" Le libérateur
viendra de Sion" dit en effet l'écriture,"et il
rejettera la désobéissance loin des
descendants de Jacob
(= les fils
d'Israël). Telle
est l'alliance que je ferai avec eux lorsque
j'enlèverai leurs péchés"
(versets 26-27 du chapitre 11)
Paul n'applique pas ces paroles au passé (la
mort et la résurrection du Libérateur). Il
les applique à l'avenir (le "retour" triomphal de
ce Libérateur, "au jour de
Dieu").
Et il reprend la prophétie d'Esaïe pour
prophétiser à son tour que la visite finale
du Messie à son peuple (les juifs) sera non plus
pour les "juger-condamner" mais au contraire pour les
"sauver-libérer",
par le Grand Pardon final.
Oui, en Jésus, le salut vient des
juifs. Mais, par Jésus, à son retour, le
salut vient pour les juifs
("le juif premièrement, le
grec ensuite").
Telle va être la solution du problème
juif. Mais il faut ajouter que cette solution de la
"question"(du "mystère") d'Israël sera aussi,
en même temps, la solution du "problème de
Jérusalem".
Le problème de Jérusalem ! S'il a jamais
été d'actualité, c'est bien
aujourd'hui, en ce début du troisième
millénaire. Au coeur de la crise qui, du
Proche-Orient, se répercute dans le monde entier,
il y a le problème de Jérusalem! Le
"casse-tête" des nations et le blocage de toutes
les négociations !
Mais "de
Sion" va venir le Libérateur.
Pour Sion, oui, d'abord ; mais ensuite et
de là pour le monde entier, pour "
tous les
hommes". (v. 32). La venue de ce
Libérateur (le "fils de
David") est annoncée
"en faveur de
Jérusalem" et pour un accomplissement final
de l'Alliance entre Dieu et son peuple (59. 20-21).
Or, lorsque Paul (dans les versets 26-27) reprend ces
termes de la prophétie, nous constatons avec
surprise qu'au lieu de "en faveur
de Sion", il écrit
"de Sion, en
provenance de Sion". Et il ajoute
même les mots suivants, probablement
empruntés à Esaïe 27. 9 et redisant
exactement ce qui est dit au début de cette phrase
(versets 26-27). Pourquoi ces modifications?
Probablement parce que l'apôtre ne peut pas et
ne veut pas évoquer les promesses anciennes de
Dieu sans tenir compte de l'accomplissement
réalisé déjà par le
Libérateur promis, le Messie Jésus
"fils de Sion" et "
lion de Juda".
Or, lorsque Paul écrit sa lettre aux Romains,
le premier acte de la "rédemption" a eu lieu "en
faveur de Sion", pour tout Israël : c'est la
Pâque du Seigneur, sa croix et sa
glorification comme Seigneur du monde et "Roi des Juifs".
C'est pourquoi, actualisant la phrase prophétique,
il n'écrit plus le passé ("en faveur de
Sion") mais il écrit
l'avenir (l'avènement et la
parousie du Christ ) : " de Sion viendra le
Libérateur". C'est de Jérusalem que surgira
l'intervention finale du Seigneur Dieu par
l'apparition du Messie " dans la gloire du
Père" et, ce jour-là, à la
fois pour la délivrance ultime de tout Israël
et pour la libération définitive de toute
la création (Romains 8. 18-22). Or, ce
jour-là (le "dernier jour"
), ce sera l'explosion de la Vie, de la
résurrection et du salut :
Et pour Israël-Sion.
Et pour tous les "païens" unis au
Christ-Jésus.
Mais c'est bien "tout Israël" ,
le premier, qui bénéficiera
de la délivrance : délivrance de toute
souillure du péché et "éloignement "
définitif, loin de la Maison et de la Cité
de Dieu, de toute iniquité et de toute injustice.
Non pas délivrance "spirituelle" mais
délivrance du "corps de
misère" et de la "mort" !
Non pas un renouveau " spirituel"
d'Israël,
non pas un grand réveil politique,
non pas une restauration nationale,
non pas un grand renouveau charismatique,
mais le SALUT total, la
Résurrection, hors de la mort et du
séjour des morts.
Et non pas un salut pour un certain nombre d'individus
"chrétiens", mais la Délivrance
éternelle de cette immense collectivité
(politico-religieuse du "Royaume") que Paul appelle
"tout Israël " :
non seulement toutes les
" tribus d'Israël",
non seulement les deux "royaumes
ennemis",
non seulement la diaspora,
plus ceux de la terre d'Israël et
de Sion,
mais l'immense multitude des
païens greffés sur Israël
croyant, et adoptés comme "fils de
Sion" et " fils d'Abraham", parce qu'ils
croient au Messie Jésus (Romains
chapitres 9 à 11 en entiers)
:
juifs et non-juifs "messianiques"
unis en un seul
"corps", le "corps du
Christ".
|
C'est bien de cet accomplissement final que Paul parle
ici et auquel il réfère la prophétie
d'Esaïe.
Certes il le croit proche, il le sait proche, il le
veut proche mais il doit l'attendre encore
.. comme nous l'attendons encore. (cf I
Thessaloniciens 1. 10)
Mais comme cette "Arrivée" (qui
arrive vite !) est le remplacement de ce monde-ci par le
monde à venir (le Règne de Dieu et de son
Christ ), il crie et chante son adoration et son
enthousiasme (versets 33-36) pour le triomphe cosmique de
la
MISÉRICORDE DE DIEU.
Pourquoi donc, chez nous biblistes et
prédicateurs, tant d'incertitudes pour saisir
totalement cette espérance ?
non pas un "renouveau juif",
non pas une "restauration juive",
non pas un triomphe spirituel du judaïsme,
mais la résurrection des morts par la Parousie,
c'est-à-dire la "fin de ce monde"
par la grâce de Dieu.
Telle est l'Espérance.
Tel est le glorieux avenir promis au peuple
d'Israël par son Dieu.
Telle est l'incroyable solution de la "question" juive
et du "problème" de Jérusalem.
Telle est la merveilleuse solution du drame humain, la
conclusion inouïe de l'Histoire du genre humain et
l'issue fantastique de "l'évolution" de cette
création toute entière dont nous sommes
inséparables.
Telle est la fin du monde : l'arrivée d'En-Haut
et l'instauration (en-bas) de cette terre nouvelle enfin
guérie pour toujours de la souffrance, du
péché et de la mort.
Et osons affirmer que ce qui va nous arriver à
tous sera même beaucoup plus beau et beaucoup plus
surprenant que ce qu'en disent les promesses : car Dieu
fait toujours encore mieux que ce qu'Il a promis!
Répétons, avec l'apôtre Paul,
"qu'il n'y a aucune proportion
entre les souffrances du temps présent et la
gloire à venir" (Romains 8.
18).
Et rejetons l'objection des sceptiques qui nous
dissent: "oh ! Tout cela est bien joli mais c'est pour un
autre monde !"Non ! C'est pour ce monde-ci, c'est pour
notre monde, c'est pour notre histoire humaine d'ici-bas
! L'illuminisme, c'est de ne pas y croire.
En réalité, le grand rendez-vous final
(pour le salut !) entre Dieu et tous les hommes est
prévu à Jérusalem. La "bataille pour
Jérusalem" va se conclure par la victoire de la
miséricorde de Dieu, son acte final de Grand
Pardon: Il va dévoiler et faire paraître et
donner SON FILS UNIQUE, JÉSUS.
050-saluts.html